La Liberté

«On ne s’habitue 
pas à la mort»

Parle-moi de ton taf! >> Anthony Cotting, 26 ans, est agent de services funéraires aux Pompes funèbres Murith. Il nous raconte ce métier souvent entouré de tabous.

Anthony dit profiter davantage de chaque moment depuis qu’il est quotidiennement confronté à la mort. © DR
Anthony dit profiter davantage de chaque moment depuis qu’il est quotidiennement confronté à la mort. © DR

Marielle Savoy

Publié le 30.08.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

«Je n’aurais jamais imaginé travailler dans les pompes funèbres car avant, je crois bien que j’avais peur des morts. Après les décès de deux personnes de ma famille proche, j’ai eu envie de découvrir les coulisses de ce métier: j’étais intrigué. J’ai pu participer à plusieurs sépultures et c’est là que j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. Trouver une place n’a pas été facile car il n’y en a pas beaucoup. A côté de mon emploi de chauffeur poids lourds, j’ai commencé par travailler régulièrement aux Pompes funèbres Murith pendant les week-ends. Et après environ un an, le directeur m’a proposé un poste à plein-temps. Je n’ai pas hésité une seconde.

J’aime mon métier pour son côté droit, organisé et respectueux qui correspond bien à ma personnalité. Et puis il y a l’aspect social: on rend service aux familles endeuillées. Le plus grand des bonheurs, c’est quand elles viennent nous remercier après un enterrement. Outre l’organisation des cérémonies, notre travail est varié: remise des urnes funéraires des personnes incinérées, commande et préparation des cercueils ainsi que des croix pour le cimetière, entretien des corbillards et des alentours de notre chapelle funéraire, préparation des corps…

La grande difficulté de ce métier, c’est que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Nous, nous côtoyons des morts tous les jours mais pour les familles, chaque deuil est unique et il faut que tout soit parfait. Nous avons des horaires irréguliers et quand nous avons un problème personnel, nous ne pouvons pas nous permettre de le montrer. Depuis un an, j’ai appris à vivre avec la mort au quotidien. Mais on ne s’y habitue jamais vraiment. Le jour où c’est le cas, je pense qu’il faut changer de travail. C’est un beau métier mais qui est épuisant au niveau mental. Nous sommes confrontés à des deuils très difficiles: par exemple de graves maladies, des accidents, des suicides ainsi que des enfants.

Pour supporter tout ça, dans mon entreprise, nous nous serrons les coudes. J’ai beaucoup de chance car je suis entouré de collègues formidables qui sont comme une famille pour moi. Après un an passé au sein des pompes funèbres, j’ai le sentiment d’avoir beaucoup changé. Je vois la vie différemment et je ne me prends plus la tête pour des broutilles car mon travail me rappelle chaque jour que tout peut s’arrêter subitement.»

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